Rolls Royce Twenty - 1922

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le contexte sociétal évolue rapidement avec un mouvement de ré-industrialisation. Les infrastructures routières progressent à mesure que s’étend l’usage de l’automobile, aidé en cela par la mise au point et la vente de modèles populaires.

Rolls-Royce, qui tire la majeure partie de son chiffre d’affaire de la construction de moteurs d’avion depuis les débuts de la guerre en 1914, dont le célèbre V12 de 20,4 litres Eagle, entend bien poursuivre cette activité très lucrative tout en renouant avec son prestige lié à la  production d’automobiles d’exception.

En effet, la marque créée en 1904 connue pour son slogan « Best car in the World » ne s’est jamais départie de l’exigence de son fondateur, Henry Royce, connu pour son perfectionnisme et sa rigueur. Son association avec un jeune aristocrate, fou d’automobile et pilote, Charles Rolls, donnera naissance aux premières Rolls Royce présentées au salon de Paris de 1904.

La 10 HP, lancée en 1904 fut ainsi la toute première Rolls-Royce de l’histoire. Mais c’est un autre modèle qui va asseoir la réputation de Rolls Royce dans le monde entier, en l’occurrence la très exclusive Silver Ghost, construite sur mesure et dont le succès commercial retentissant va conduire la marque à construire de nouveaux ateliers à Derby en 1908. Les clients apprécient tout autant la qualité des services proposés. Ainsi chaque auto est vendue avec son carnet d’entretien, intitulé « Body Card », où sont notées toutes les interventions de maintenance et de réparation effectuées par la maison.

Rolls-Royce ne produit alors plus d’automobiles de série, uniquement des autos six-cylindres sur mesure. Ainsi, à la veille de la Première Guerre mondiale, la renommée de Rolls-Royce s’est déjà imposée dans le monde entier, avec pour clients les plus célèbres, des têtes couronnées et de grandes familles, depuis les Maharadjas d’Inde jusqu’au Tsar Nicolas II. En revanche, la famille royale de Grande Bretagne reste encore fidèle à Daimler.

La direction de la marque est ébranlée avec la mort de Charles Rolls en 1910 alors qu’il pilote son biplan Wright. Quant à Henry Royce, sa santé fragile le conduit à s’établir sur la Côte d’Azur où il continue à diriger la marque avec une équipe d’ingénieurs.

Après guerre, la marque va profondément évoluer, d’une part avec une tentative de courte durée de production de ses autos aux Etats-Unis, grâce à une politique de licence, d’autre part en renouant avec la production d’une première Rolls Royce de série en 1922, la Twenty.

Bien plus compacte que les immenses Silver Ghost, la Twenty aussi appelée 20HP vise à compléter la gamme Rolls Royce avec un modèle moins encombrant dans les villes où le trafic automobile ne cesse d’augmenter.

Rapidement surnommée la Baby Rolls-Royce, la 20HP ne déroge en rien aux standards élevés de qualité et de finitions de la maison. Adaptée à un usage urbain et à une conduite sans chauffeur, une demande de certains clients, la Twenty est également parfaitement apte pour parcourir de longs trajets.

Les premières générations de la Twenty sont identifiables grâce à des volets de radiateur placés horizontalement et non verticalement comme cela était alors la norme chez chez Rolls-Royce. Les derniers modèles reprendront le placement vertical.

Côté motorisation, si la marque reste fidèle au six cylindres, elle décide d’étudier un nouveau moteur, le premier à soupapes en tête, d’une cylindrée de 3 127 cm3 formé d’un bloc-cylindres unique avec culasse détachable et d’un simple allumage. Quant au châssis plus court que les Rolls Royce traditionnelles, il dispose d’essieux avant et arrière rigides suspendus par des ressorts semi-elliptiques.

Le freinage est assuré uniquement sur les roues arrière avant que ne soient introduits les freins tambour avec servo mécanique sur les quatre roues en 1925. La Twenty sera ensuite équipée d’amortisseurs hydrauliques.

Le conducteur, il ne faut plus dire chauffeur désormais (!), dispose d’une boîte de vitesses à trois rapports dont le levier est initialement placé au centre de l’habitacle, avant d’être remplacé en 1925 par une boite dotée de quatre vitesses avec changement traditionnel à droite du conducteur. Il peut espérer rouler à une vitesse maximale de 97 km/h.

Comme cela était d’usage à l’époque, seuls le châssis et la mécanique de la Twenty étaient fabriqués par Rolls-Royce. En effet, les clients avaient le choix de confier aux plus célèbres carrossiers du Royaume-Uni la confection d’une carrosserie dédiée. A l’époque, les grands noms se dénomment Barker, Park Ward, Thrupp & Maberly, Mulliner, Hopper, Kellner et Gurney Nutting.

La Twenty a été produite à 2 940 exemplaires entre 1922 et 1929. Devenue un pilier de la maison, elle sera remplacée par la 20/25 puis la 25/30 de 4,3 litres en 1936. A noter qu’en 1931, Rolls-Royce acquiert Bentley mis en liquidation judiciaire et va décliner ces autos avec une variante Bentley plus sportives, surnomées les Bentley Derby du fait de leur fabrication par Rolls Royce à Derby. C’est le cas de la Bentley 4,5l de 1939 de la collection ANNA LISA.

L’exemplaire de la collection ANNA LISA Art On Wheels est une des toutes premières berlines, produite en 1922 avec une carrosserie signée Mulliner. L’auto est en conduite à droite avec la boîte de vitesse à trois rapports, les freins sur les roues arrière et les suspensions à ressorts semi-elliptiques propres aux premiers modèles.

Elle est aujourd’hui dotée d’une très belle patine mettant en avant sa carrosserie de teinte vert sombre, avec toit noir et un capot en aluminium, devancé par la calandre dont les volets sont placés horizontalement comme cela en était l’usage sur les premières Twenty. Le très bel intérieur est habillé de velours vert.

L’auto est complète et son moteur six cylindres, non bloqué comprend encore son carburateur d’origine Rolls-Royce. Il demande à être remis en route en vue de renouer avec les trajets au long cours, ou de simples sorties dans la campagne anglaise.