Lancia Appia Zagato GTE - 1959
— La première Lancia Zagato de série —- Modèle La première déclinaison de Zagato vendue directement par le réseau Lancia
- Historique Un exemplaire vendu neuf aux Etats-Unis par le célèbre distributeur Max Hoffman
- On aime Une auto techniquement raffinée, fidèle à la réputation de la marque, et typiquement Zagato avec un style affirmé à la ligne effilée
- Conduite Une auto légère et bien suspendue amusante à piloter
Vendue neuve en 1959 aux Etats Unis par le célèbre importateur et distributeur Max Hoffman, notre Appia Zagato de couleur bleu pâle est la cinquième auto de la première série de cinq vendue aux Etats Unis. Elle y restera 40 ans avant de revenir en Europe et intégrer la collection
ANNA LISA Art On Wheels après un long sommeil.
Les années 50 sont propices au lancement de petites voitures italiennes. C’est le cas de la Lancia Appia présentée au Salon de Turin 1953 qui succède ainsi à l’Ardea.
Dès 1956, de nombreux carrossiers achètent à Lancia des châssis pour produire des versions cabriolet et coupés de l’Appia, certains habillés, d’autres à vocation clairement sportive. Fidèle à sa réputation, Zagato présente ainsi un premier prototype de coupé destiné à la compétition en 1956. Il inaugure une série de quatre Appia coupé carrossées par Zagato.
L’Appia GTE de la collection ANNA LISA Art On Wheels marque un tournant important dans l’histoire de Zagato car, pour la première fois, l’auto est vendue directement par le réseau Lancia ce qui lui assure un certain succès commercial. Zagato change en effet alors d’ère en abandonnant peu à peu son statut de carrossier pour embrasser celui de partenaire industriel. Ainsi, l’Appia Sport lancée de façon quasi concomitante à la GTE a été la première Zagato à faire l’objet d’un registre détaillé de production !
C’est avec un immense plaisir que nous avons découvert notre auto jamais repeinte ni restaurée après une longue période d’immobilisation.
L’Appia, une auto d’entrée de gamme raffinée et techniquement à la pointe
Née en 1939, la petite Ardea eut une carrière écourtée avec la guerre. Si Gianni Lancia a accordé une priorité au lancement de l’Aurelia, il lança dès 1950 des études techniques pour remplacer l’Ardea. C’est ainsi qu’est née l’Appia, baptisée, comme l’Aurelia, du nom d’une voie romaine.
Naturellement, la marque Lancia appréciée pour sa sophistication technique ne peut rivaliser avec le géant Fiat en terme de volumes de production mais elle a clairement une carte à jouer auprès de sa clientèle. L’Appia est ainsi dotée d’une structure autoportante rigide et allégée, de roues avant indépendantes, de suspensions télescopiques, d’un moteur en V étroit à culasse en aluminium. On doit la majeure partie de ces progrès techniques à Vittorio Jano, ingénieur prolifique et ultra talentueux qui valut à Lancia de nombreux succès sportifs.
Cette petite berline plutôt luxueuse, très agile et proche de l’Aurelia par son style connut une carrière de dix ans avec de multiples déclinaisons. Celle-ci débuta avec la série 1 et ses 38 chevaux avant que ne soit lancée la série 2 rallongée à la ligne élégante et effilée trois ans plus tard. L’auto était aussi plus puissante avec ses 43 chevaux, permettant alors d’atteindre les 130 km/h.
C’est à cette époque que Lancia proposa son ingénieux châssis comme plate-forme à des carrossiers italiens pour des déclinaisons plus sportives ou élégantes. C’est ainsi que Pininfarina proposa un fort élégant coupé, Vignale une 2+2 et un cabriolet assez classiques et Zagato un prototype de coupé sportif très léger à la ligne singulière vite surnommé le« cammello » (le chameau en français).
Les Appia Zagato :
des autos stylées et sportives
Le prototype Appia « Cammello » présenté en 1956 cumule en effet les doubles bosses associées à Zagato pour sa fameuse double bulle sur le toit. Mais cette Appia comporte aussi ces bosses sur le capot moteur et le couvercle du coffre ! De livrée bicolore bleue et blanche, la Lancia remporte le concours d’élégance de Cortina en 1956 avant de changer de teinte et de caractéristiques avec le retrait des bosses sur le capot et le coffre pour participer aux Mille Miglia 1957. Sportive, la Cammello a une vitesse de pointe de 150 km/h.
Ces modifications préfigurent les Appia GTZ et GT, respectivement lancées en 1957 et 1958. A noter que ces modèles non vendus par le réseau Lancia sont fréquemment appelés « hors série ».
Si elles étaient esthétiquement assez proches du prototype de 1956, les GTZ s’en distinguaient par le recours à de fines ailettes verticales sur les ailes arrière, des phares avant plus enfoncés et recouverts d’une sorte de bulle en plexiglas.
Ces Lancia Zagato se sont vite illustrées en compétition ; ainsi lors des Mille Miglia 1957, trois Appia Zagato ont occupé les trois premières places de leur catégorie avec deux GTS et la Cammello.
Précisons que dans la grande tradition Zagato, ces Appia avaient une carrosserie qui prenait la forme d’une peau en aluminium tendue sur un châssis en acier caissonné, garantissant ainsi un poids le plus contenu possible. On estime que seulement 30 GTZ ont été fabriquées.
L’Appia GT 2 + 2 et la GTS qui lui succéda avaient pour la première les phares ouverts repris de la berline Appia, et pour la seconde des phares carénés et une carrosserie plus profilée et bien souvent, un toit à double bulle. Si la GT était dotée de 53 chevaux, la GTS en avait 60 ainsi qu’un volant garni de bois et des sièges baquets en option pour affirmer sa vocation sportive. La production est plus conséquente et se chiffre en centaines d’exemplaires.
L’Appia GTE, la première Zagato vendue par Lancia
C’est la remplaçante de l’Appia GT baptisée Lancia Appia GTE (pour « Gran Turismo Esporto ») présentée au salon de l’automobile de Turin en novembre 1958 qui a pour la première fois été vendue directement par le réseau Lancia. Notre Appia GTE de 1959 fait partie de cette série de coupés Zagato vendus par les distributeurs de Lancia.
C’est ainsi que Zagato est officiellement passé du statut de carrossier acheteur de châssis renforcés à celui de fournisseur officiel de coupés à carrosserie spéciale. L’Appia GTE se caractérise par une carrosserie plus basse, effilée et aérodynamique que les Appia Zagato précédentes avec un nez plus long, des phares couverts et plus enfoncés dans les ailes ainsi que des feux arrière partiellement enfoncés.
La GTE a connu de nombreuses évolutions. Dès 1959, elle bénéficie des châssis améliorés de la troisième série, puis voit l’abandon des bulles sur les phares à cause d’un changement de réglementation italienne. En 1960, l’Appia GTE reçoit le moteur amélioré de 60 chevaux et ce n’est en 1962 que prend fin sa carrière.
A noter que Zagato lança une Appia Sport en 1961 qui, sans remplacer la GTE, en reprenait nombre de caractéristiques comme les poignées de porte saillantes. Plus courte et dessinée par le jeune et déjà prolifique Ercole Spada qui avait rejoint Zagato peu de temps auparavant, elle sera produite jusqu’en 1963. Si son dessin reprend la face avant de la GTE à phares ouverts, elle s’en distingue par son arrière plus rond et des feux enfoncés dans la carrosserie, ainsi qu’une ligne de toit de type « fastback. »
Les chiffres de production varient selon les sources, on estime ainsi que les quatre versions de l’Appia Zagato produites entre 1957 et 1962 représentent 721 voitures, dont 167 GTE avec le premier moteur de 53 chevaux et 134 avec le dernier moteur de 60 chevaux.
Précisons qu’avant la Sport, Zagato ne tenait pas de registre détaillé de sa production d’où les chiffres de production des différentes variantes qui ne sont qu’estimés.
Enfin, de nombreuses différences peuvent exister entre chaque auto, certaines liées à des options d’habillage, désirs de clients ou demandes de distributeurs, d’autres plus prosaïquement à un manque de disponibilité de pièces. Seule la Sport peut être qualifiée d’auto de (petite) série.
Notre Lancia Appia GTE est un témoignage de ces autos italiennes qui ont connu des déclinaisons en toute petite série, avec des dessins signés par les plus grands. Fidèle à la sophistication technique propre à Lancia et à la démarche de Zagato, cette auto à l’esthétique particulière est un petit joyau. »